Suzanne Giraud

Le Chant du Marais

2017, Le Chant du Marais, musique de chambre, musique vocale

Durée : 30′

Effectif : Récitant, soprano, violoncelle

Livret : Pascal Quignard

Création : 21 avril 2017, Festival Raccord(s), Pascal Quignard, Marie Vialle, Maria Villanueva, Patrick Langot

Édition Musicale Artchipel

Notice de Le Chant du Marais

Dans le quartier du Marais, à Paris, au XVIe siècle, tous les ans, à la fin du mois de mars, avait lieu un
concours de chants d’enfants qui était très prisé.
Tous ceux qui appréciaient la voix que possèdent les petits garçons avant leur mue s’y rendaient pour
faire leur choix et acheter les meilleurs d’entre eux pour leur choeur….

Presse

Le chant du Marais de Suzanne Giraud à l’Hôtel de Soubise, ResMusica

On ne pouvait rêver plus beau lieu, l’Hôtel de Soubise dépendant aujourd’hui des Archives nationales, pour faire entendre, en création mondiale, Le chant du Marais de la compositrice Suzanne Giraud. C’est, à l’origine, un conte écrit par Pascal Quignard et édité en octobre dernier par les éditions Chandeigne, avec des illustrations de Gabriel Schemoul dont on pouvait voir les dessins dans la salle attenante. La soirée s’inscrivait dans le cadre du festival Raccord(s), une manifestation lancée en 2014 qui met à l’honneur l’édition indépendante et s’ingénie à associer le livre à d’autres écritures artistiques tels la musique, le théâtre, le cinéma.

Le chant du Marais de Pascal Quignard, tout comme L’os chantant (un conte des frères Grimm mis en musique par Gustav Mahler dans Das klagende Lied) nous parle de chant et de vanité humaine. C’est l’histoire, sur fond de guerre de religion, de deux jeunes garçons qui s’affrontent dans les concours de chant pour se faire acheter par des chefs de chœur. La mue menace Marcelin, dit « le beau Palaiseau », catholique et adoubé par le public. En 1583, c’est pourtant Bernon dit « L’enfant », de confession protestante, qui surpasse tous les candidats et remporte le concours. Il est sauvagement mis à mort par Marcelin, mais continue de faire entendre sa voix merveilleusement pure à la faveur de son « crâne chantant » qui aura raison de son cruel adversaire.

Le Chant du Marais Suzanne Giraud Pascal Quignard
©Michèle Tosi

Autant de sollicitations sonores pour Suzanne Giraud qui conçoit une sorte de mélologue tressant les voix parlées – celles, chaleureuses et séduisantes de Pascal Quignard et Marie Vialle – avec la partie chantée – Maria Villanueva – et le violoncelle très sollicité de Patrick Langot. Ce dernier soutient la ligne de chant, mais intervient également sur la voix parlée, au sein du récit dont il répercute parfois les mots à travers le geste instrumental. Férue de musique de la Renaissance qu’elle enseigne d’ailleurs au Conservatoire à rayonnement régional de Paris, Suzanne Giraud pense à la viole de gambe à six cordes et son aura résonnante au sein d’une écriture d’archet favorisant les bariolages, les envolées d’arpèges et autres traits idiomatiques réinvestis par le violoncelle, dont une acoustique plus généreuse aurait magnifié les effets sonores. La ligne de chant aussi souple qu’exigeante est joliment restituée par la voix lumineuse de la soprano. Elle nous parvient de loin, baignée d’un halo de résonance, lorsqu’il est question de la voix du « crâne chantant » que « les poissons et les araignées ont complétement nettoyé de sa chair ». Ce sont des psaumes protestants, prolongeant le récit de Pascal Quignard, que Suzanne Giraud fait chanter à cette voix invisible.

« On monte le crâne au grenier des réformés et on le laisse à la poussière des toits, à la rosée de l’aube » suggère la voix de Pascal Quignard qui vient souder Le Chant du Marais à Johannisbaum, une deuxième pièce de la compositrice inscrite au programme et reliée musicalement à la première par une note commune entretenue par le violoncelle. Écrite en 2011, sur un poème de Pascal Quignard toujours, l’œuvre est une commande du festival des Voix du Prieuré à Suzanne Giraud et sollicite trois voix – Maya Villanueva aux côtés d’éElodie Fonnard et Pauline Sirkidji  – et un violoncelle. D’une écriture ondoyante, sensuelle et presque fantasque, relayée par une partie instrumentale très exposée, Johannisbaum referme cette soirée dans un tourbillon de lignes et de mots enlacés

Michèle Tosi

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