2005, Fables, musique vocale, orchestre, œuvre pédagogique
Durée : 11′
Effectif : Récitant, chœur d’enfants et orchestre
Texte : Jean de La Fontaine
Commanditaire : Orchestre National d’Ile-de-France
Création : 14 et 17 Janvier 2006, François Castang, récitant, Orchestre Nationale d’Ile-de-France, dir. Philippe Cambreling
Edition Musicale Jobert (Edition Musicale Henri Lemoine)
Presse
Fabuleuse régression, ConcertoNet.com
Eglise Notre-Dame du Val,Bussy-Saint-Georges, 14 janvier 2006 et Espace 93 de Clichy-sous-bois, 17 janvier 2006 – Alexandros Markeas (La Fontaine des malchanceux –Le renard, le loup et le cheval, Le petit poisson et le pêcheur) ; Lucian Cristofor Tugui (Le coq et le renard, Le lièvre et la tortue) ; Igor Stravinsky Concerto en mi bémol « Dumbarton oaks ») ; Jean-François Alexandre (Les animaux malades de la peste – L’avare qui a perdu son trésor) ; Suzanne Giraud (Fables)
François Castang (récitant) ; Elèves de CM1/CM2 de l’Institut Saint-Thomas de Villeneuve (Bry-sur-Marne), de CE2/CM1 des Écoles Paul Bert (Saint-Mandé) et de CE2/CM1/CM2 de l’École Condorcet (Maisons-Alfort) ; Enfants des classes primaires de Clichy-sous-Bois – Orchestre national d’Ile-de-France, Dir Philippe Cambreling
Parmi les actions pédagogiques qu’il développe tout au long de sa saison, l’Orchestre national d’Ile-de-France a mis en place, avec le soutien du Fonds d’action SACEM et de l’ADIAM 94, une importante opération « Chantons avec l’orchestre » autour des Fables de La Fontaine : dans le Val-de-Marne puis en Seine-Saint-Denis, ce sont au total quatre cents élèves de CE2, CM1 et CM2 qui ont ainsi eu la chance de participer à la création des œuvres commandées pour l’occasion à quatre compositeurs.
Présenté sous le titre « La Fontaine de l’île » et dans le cadre sobrement contemporain de l’Eglise Notre-Dame du Val de Bussy-Saint-Georges, le travail accompli depuis l’automne par les élèves issus des classes du Val-de-Marne impressionne : entourés de leurs professeurs de musique et vêtus de hauts de couleur formant une toile bariolée, les enfants, près de cinquante minutes durant, montrent non seulement qu’ils ont accompli un effort considérable de mémorisation, mais surtout qu’ils s’amusent et s’épanouissent dans ces partitions.
La Fontaine a déjà été mis en musique à de nombreuses reprises, d’Offenbach à Caplet en passant par Gounod ou Saint-Saëns, mais au-delà du texte, la contrainte était ici celle de l’effectif (récitant, chœur d’enfants et orchestre de chambre), inspirant des partitions très différentes quant à leur durée (de huit à quinze minutes) et, surtout, quant à leur style. Les trois premières sont cependant agencées de la même manière : choix de deux fables et partage du texte entre le récitant et la chorale, non sans soucis de balance, au demeurant, et ce malgré la présence d’une sonorisation, de telle sorte que François Castang est parfois contraint à s’escrimer, parfois en vain, pour se faire comprendre.
[…] Dans ses Fables, Suzanne Giraud a adopté un parti pris plus original, écrivant elle-même le texte d’une saynète au comique délibérément absurde : le récitant, sorte de maître d’école amnésique qui s’emmêle dans les titres des fables, se fait d’abord chahuter par les enfants, mais l’inversion des rôles lui permet de retrouver la mémoire, lorsqu’il répond brillamment aux questions du quiz que lui soumet le chœur. Avec ce retour en enfance qui prend même la forme d’une réjouissante régression, dans la lignée de ses Envoûtements VI, Suzanne Giraud a su se mettre à la portée de tous, parvenant à concilier divertissement ingénieusement interactif et participatif (gestes à l’appui) pour les jeunes et regard distancié sur les souvenirs et la mémoire pour les adultes, qui respirent un parfum idéalisé et suranné de bancs d’école, d’encriers et de plumes sergent-major. Musicalement, le résultat est également très abouti, avec une chorale et un récitant dont les paroles ressortent enfin clairement, notamment grâce à un orchestre agile et transparent, qui sait s’effacer lorsqu’il le faut tout en s’imposant avec un grand raffinement dans des enchaînements très travaillés.
Simon Corley